Bandeau de fond

L'église

 

               

 L'église de Chennevières lès Louvres

L'église Saint-Leu-Saint-Gilles est une église catholique Elle remplace une ancienne église dédiée à saint Médard, qui se trouvait au sud du village et a été rasée au début du xviiie siècle au plus tard. L'église actuelle a été fondée au xive siècle par le seigneur de Chennevières, Gilles Choisel, d'où elle tient son saint patron, Gilles l'Ermite. Le second patron, saint Loup, n'est attesté qu'au milieu du xvie siècle. C'est à cette époque qu'un spacieux chœur Renaissance est édifié à l'est de la petite nef gothique. Il est flanquée de deux chapelles, dont celle du nord est dédiée à la Vierge Marie et accueille une statue de la Vierge à l'Enfant du début du xive siècle. Le décor de l'abside est particulièrement soigné, et des niches à statues, dont deux avec desdais richement ouvragés, y agrémentent les piliers. Selon une inscription, l'achèvement du chœur actuel peut être situé en 1577. À cette époque, c'est encore une tour associée au château tout proche qui fait office de clocher. Il s'écroule en 1718, et le seigneur M. Nouveau offre ainsi un nouveau clocher à la paroisse, qui est peu élevé mais coiffé d'une flèche élancée. Il sert en même temps de porche et précède la nef. Les bas-côtés de la nef ont été bâtis en même temps que le clocher, en 1719. Des restaurations ont lieu au xixe siècle ; il est possible que la nef ait été revoûtée à cette époque. L'église Saint-Leu-Saint-Gilles est donc un édifice composite, où la différence de hauteur entre la nef (7,10 m) et le chœur (11,75 m) est frappante, ainsi que la différence de la qualité de l'architecture. Le chœur seul présente un réel intérêt artistique ; il est d'une élégance sobre et possède, avec son abside entourée de niches à statues, l'un des plus beaux espaces liturgiques du xvie siècle en pays de France. L'église est toutefois classée monument historique en totalité depuis 1980.

Les campagnes de construction de l'église

 
Clocher, parties hautes.
 

Plaque commémorative de la restauration en 1806.

Pour Charles Huet, la fondation de la nouvelle église par le seigneur du village, et sa situation près du château, suffisent pour prétendre que la nef du xive siècle ne serait autre que l'ancienne chapelle du château. Ce n'est pas tout à fait ce que dit l'abbé Lebeuf, qui suppose que « cette église a vraisemblablement commencé par une chapelle que les seigneurs auront consenti de faire servir de paroisse ». Cette formule ne sous-entend pas que le bâtiment actuel contient encore cette chapelle. L'église ne se situe pas dans l'enceinte du château dans son périmètre actuel, mais sur le carrefour principal du village. La proximité d'église paroissiale et château ou demeure seigneuriale n'a rien d'exceptionnel, et s'observe toujours à Auvers-sur-OiseBoissy-l'AillerieÉcouenLuzarchesMareil-en-France, etc. Pourtant seule l'église d'Auvers-sur-Oise est attestée comme ancienne chapelle du château, mais il s'agit d'un château royal, ce qui explique sans doute les dimensions suffisantes pour accueillir les messes paroissiales. Les collégiales de Montataire et de Montmorency étaient initialement à usage exclusivement seigneurial, et ont trouvé une vocation paroissiale avec l'abandon des églises paroissiales pour motif de vétusteté.

La construction du chœur s'achève le 24 mai 1577 en jugeant d'après la date marquée sur l'arc-doubleau à l'entrée de l'abside. L'abbé Lebeuf n'a pas vu cette inscription et estime que le chœur date d'il y a cent cinquante ans, c'est-à-dire de 1600 environ, ce qui renvoie également à la période de la Renaissance. La nouvelle partie comporte deux travées droites flanquées de chapelles et une abside à cinq pans. Comme le montrent des pierres de réserve dans les murs occidentaux des chapelles, visibles depuis l'extérieur, le remplacement de la nef était prévu à l'époque. Charles Huet conclut de l'époque du chœur que l'église du xive siècle en est dépourvue. Or, rien n'oblige à formuler une telle hypothèse. Avant la guerre de Cent Ans, la population est certainement plus importante qu'au xvie siècle, et le sanctuaire est toujours la partie la plus importante d'une église, car c'est ici que le service divin se célèbre. Cette fonction importante justifie une distinction architecturale entre la nef des fidèles et l'espace liturgique dès l'époque carolingienne. Comme à Roissy-en-France et dans de nombreux autres villages du pays de France, le chœur de l'église Saint-Leu-Saint-Gilles a dû être rebâti au xvie siècle, et est susceptible de remplacer un édifice dont plus rien ne subsiste. Sachant que les grosdécimateurs ont le devoir de financer les chœurs sous l'Ancien Régime, c'est plus probablement le chœur qui représente l'ancienne chapelle du château, ou qui a été commandé par Gilles Choisel. Ceci n'empêche pas que le seigneur a également pu financer la nef, ce qui a pu motiver l'abandon de la vieille église Saint-Médard.

Un second malentendu concerne le clocher. Selon Charles Huet, l'église aurait été précédée d'une haute tour carrée servant de clocher : « On ignore quelle était la fonction de cette tour avant qu'elle ne soit utilisée comme entrée de chapelle et comme clocher. Peut-être était-elle une tour de guet, ou une porte du village, protégée par ailleurs par le château tout proche ». Or, l'abbé Lebeuf écrit qu'« il y avait à côté de cette église une haute tour carrée qui menaçait ruine en 1718 ». Ce n'est donc pas forcément une tour à l'emplacement même du clocher actuel, plutôt une tour subsistant du château médiéval, ce qui dispense de s'interroger sur sa fonction initiale. Il est d'autant plus étonnant que Charles Huet écrit que « l'entrée se fait par la tour, dont les pierres subsistantes permettent d'avancer le xiie siècle comme période de construction ». L'auteur a formulé une hypothèse semblable sur le clocher de l'église Saint-Éloi de Roissy-en-France, et ne l'étaie pas davantage par des arguments. En l'occurrence, la tour en question s'est écroulée en 1718, ce qui rend encore plus problématique la datation du clocher actuel du xiie siècle. Peu de temps avant, la paroisse avait déposé une requête auprès du cardinal Louis Antoine de Noailles afin de la faire réparer. Le 15 mars 1719, le cardinal alloue un budget de 1 800 pour sa reconstruction. Néanmoins, les travaux sont financés par le seigneur de Chennevières, M. Nouveau, sur ses propres deniers. Ce nouveau clocher est très bas, et le sommet de ses murs ne dépasse pas le chœur du xvie siècle. Mais M. Nouveau ne paie non seulement le clocher, il fait également construire ou reconstruire les bas-côtés de la nef.

Depuis la Révolution française

Après la Révolution française et la création du département de Seine-et-Oise, la paroisse est rattachée au nouveau diocèse de Versailles qui correspond exactement au territoire du département. Des restaurations sont entreprises au xixe siècle. En 1806, il s'agit de réparer les dégâts infligés par la Révolution française, et de remeubler l'église. La paroisse bénéficie alors de la générosité de M. et Mme de Saint-Soupplets, et de M. et Mme Le Peletier de Morfontaine ; l'abbé Brunet est le curé. En 1865, les habitants collectent les fonds nécessaires pour des travaux qui restent à préciser. Zacharie Rossignol est maire, et l'abbé Leleu est curé. Dans le contexte de la refonte des départements d'Île-de-France, le nouveau diocèse de Pontoise est érigé en 1966, et Chennevières-lès-Louvres en fait partie à l'instar de toutes les autres paroisses du département. Le diocèse de Paris se limite désormais à la seule ville de Paris. L'église est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 25 mars 1980. La paroisse de Chennevières-lès-Louvres n'est plus indépendante, et est desservie par le curé de Louvres. Des messes dominicales sont célébrées en l'église Saint-Leu-Saint-Gilles le second et le cinquième dimanche du mois à 9 h 30, sauf pendant la période hivernale d'octobre / novembre à mars / avril, quand les messes ont lieu à Épiais-lès-Louvres, et sauf en juillet et août, quand les messes à 9 h 30 sont suspendues dans la paroisse : il n'y a donc que trois à cinq messes par an.

Aperçu général             

À peu près régulièrement orientée, avec une légère dérivation de l'axe vers le nord-est du côté du chevet, l'église se compose de deux parties bien distinctes :  l'ouest, la vieille nef du xive siècle est précédée par le clocher-porche de 1719, et dissimulée latéralement par les bas-côtés contemporains du clocher. À l'est, le complexe du troisième quart du xvie siècle est tout à fait homogène et issu d'une unique campagne de construction. Ces parties s'accordent mal, ce qui n'est toutefois pas trop visible depuis l'extérieur, car les murs du sud et du nord ne donnent que sur des voies relativement étroites qui ne permettent guère de contempler l'édifice en prenant du recul. Par contre, en approchant l'église par la façade ou le chevet, l'impression est fondamentalement différente : Depuis l'ouest, l'on ne perçoit que la façade plate et peu originale de 1719 dominée par une flèchecouverte d'ardoise très effilée et contrastant avec la physionomie trapue du clocher proprement dit. La flèche est légèrement penchée vers le sud. Depuis l'est, l'on n'aperçoit que l'abside haute et élancée, et le chevet des collatéraux. L'église se compose en somme d'une base de clocher ; d'une nef de trois travées, le tout accompagné de deux bas-côtés voûtés en berceau de bois ; d'un chœur composé de deux travées droites et d'une abside à cinq pans ; et de deux chapelles latérales ou collatéraux du chœur, qui flanquent les deux travées droites du chœur. La chapelle du nord est la chapelle de la Vierge Marie. Sauf la flèche du clocher, l'ensemble de l'église est couvert de tuiles. Il n'y a pas de sacristie
.